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Des aménagements pour nourrir la ouananiche

Après trois ans de préparation, la Corporation de LACtivité Pêche Lac-Saint-Jean (CLAP) a entrepris l’aménagement de 21 nouvelles frayères pour l’éperlan arc-en-ciel dans le lac Saint-Jean.

Cette espèce représente la proie préférée de la ouananiche.

« Il nous a fallu trois ans de préparation pour arriver à mettre en branle la phase 2 de la création de frayères à éperlan dans le lac, d’expliquer le directeur général de la CLAP, Marc Archer. Ces travaux auraient dû se dérouler l’hiver dernier, mais il a fallu les reporter du fait que le niveau d’eau du lac était plus élevé en raison de travaux effectués par Rio Tinto. L’eau sous la glace nous empêchait d’utiliser de la machinerie sur le site où nous devions faire les aménagements. Le secteur où nous travaillons présentement est carrément à sec à ce temps-ci de l’année. Ce report nous a aussi entraîné une augmentation de 23 % des coûts demandés par l’entrepreneur, plus de 40 000 $. »

Le secteur visé par les travaux est régulièrement utilisé par l’éperlan pour se reproduire, mais le fond du lac y est essentiellement sablonneux et peu favorable à la survie des œufs. L’éperlan demeure le menu favori des ouananiches qui vivent dans le lac Saint-Jean. Cette espèce est l’emblème de la région.

UNE REPRODUCTION MEILLEURE

Les frayères artificielles ont déjà fait leurs preuves en accroissant le taux de survie des œufs et la production naturelle d’éperlan.

« Notre but est de fournir plus de nourriture à la ouananiche. Cela va permettre de stabiliser la production de l’espèce dans le lac et d’atténuer les fluctuations du niveau de population et, par le fait même, d’améliorer la qualité de la pêche sportive, explique le DG. Les frayères que nous avons créées, incluant les deux phases, sont réparties dans un périmètre de trois à quatre kilomètres, à différentes profondeurs. »

L’impact des 25 premières frayères, créées en 2017, s’est rapidement fait sentir sur la reproduction de l’éperlan. Pour transporter les roches nécessaires à la formation des frayères, il a fallu utiliser de très gros camions à benne.

« Nous avons suivi les résultats sur six ans, en tenant compte des chiffres tous les deux ans. En moyenne, durant les trois années, le secteur a produit trois fois plus de jeunes éperlans qu’avant l’aménagement. Si on tient compte du fait que les frayères que nous faisons présentement sont trois fois plus grandes, si on applique une règle de trois, le secteur devrait produire neuf fois plus de jeunes éperlans. »

Le site des travaux n’a d’ailleurs pas été choisi au hasard. « L’endroit choisi pour nos aménagements, c’est le seul secteur connu où l’éperlan fraye dans le lac Saint-Jean, peu importe qu’il soit abondant ou non. Personne ne peut comprendre ce qu’il fait là, surtout que les frayères se font laver par les trois grands affluents du lac qui sont juste en face, soit les rivières la Péribonka, la Mitassini et l’Ashuapmushuan. Le fond du lac est sablonneux à cet endroit. Au printemps, lors des crues importantes, les œufs sont transportés dans le lac et parfois déchirés sur les pierres. Après dix ans de recherches, nous sommes certains que c’est là que ça se passe. »

BÂTIR LES FRAYÈRES

Devant cette situation récurrente, les spécialistes ont choisi de créer des frayères artificielles, où l’éperlan se reproduit naturellement.

« Il fallait le faire à cet endroit pour que ça devienne un [milieu] naturel pour les éperlans. Une fois que nous aurons terminé la phase 2, nous aurons fait des aménagements sur une superficie équivalente à deux terrains de football. Je tiens à préciser que le doré jaune, une espèce très appréciée des pêcheurs, en profitera lui aussi. »

Les frayères aménagées consistent en des galettes de grosses pierres rondes reposant sur le fond du lac à une profondeur de 1 à 2 mètres par rapport au niveau minimal du lac, qui est de 14 pieds en été. Elles mesurent jusqu’à 25 mètres de longueur par 18 mètres de largeur, et ont une épaisseur variant entre 0,5 et 1 mètre. Globalement, 6300 tonnes de pierres seront utilisées pour confectionner les frayères, soit l’équivalent de 420 voyages de camion-benne.

La superficie totale aménagée depuis 2017 est de plus de 10 000 mètres carrés.

Incluant le programme de suivi des résultats jusqu’en 2025, les investissements consentis dans le projet seront de 558 000 $. La CLAP qui a investi 69 000 $, peut compter sur plusieurs partenaires avec les trois MRC du Lac-Saint-Jean, la Sépaq (155 000 $) la Ville d’Alma (150 000 $), Rio Tinto (75 000 $), Produits forestiers Résolu (40 000 $), la Fondation de la faune (40 000 $) et les Caisses Desjardins du lac Saint-Jean (29 000 $). Pour le mot de la fin, Marc Archer disait : « Le plus beau résultat que nous avons obtenu, à la suite de la première phase, c’est la saison de pêche record en 2020, la meilleure depuis 25 ans. »

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Pêche

Publié le : 2023-02-27 15:27:16