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Prescrire le plein air pour améliorer sa santé

Âgé de 52 ans, Marcel a commencé à faire de l'hypertension, il y a quelques années. Il prend des médicaments pour contrôler l'hypertension, qui augmente les risques d'accident vasculaire cérébral, mais sa situation ne s'améliore pas.

Par Guillaume Roy, Initiative de journalisme local- LE QUOTIDIEN

En allant rencontrer son médecin de famille, cette dernière décide d'opter pour une solution différente pour améliorer son état de santé, en lui prescrivant deux heures de nature par semaine, avec idéalement 20 minutes d'exposition par jour.

" Les études scientifiques ont démontré que la tension artérielle diminue après un séjour en nature ", note Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement.

Le cas de Marcel est fictif, mais c'est le type classique de patient qui pourrait bénéficier d'une prescription nature, tout comme les patients qui souffrent d'anxiété et de dépression, ajoute cette dernière. " La science démontre de façon très claire les bénéfices de l'exposition à la nature sur la santé physique et mentale ", dit-elle.

Avec son association, qui compte près de 500 membres, et un comité restreint de six médecins, Claudel Pétrin-Desrosiers travaille activement à la mise sur pied d'un programme provincial de prescription nature.

" Des initiatives similaires ont vu le jour en Colombie-Britannique, où la BC Parks Foundation a mis sur pied un programme national de prescription de la nature, rapporte la médecin de 29 ans, qui commencera sa pratique prochainement dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Au lieu de dupliquer le programme, on a décidé de l'adapter au contexte du Québec. "

Melissa Lam est la directrice de PaRx, le programme national de prescription nature lancé en novembre 2020. " Nous sommes un groupe de médecins qui travaillent depuis près de cinq ans pour mettre ce programme sur pied ", explique-t-elle.

Le concept consiste à travailler avec les associations de professionnels de la santé pour promouvoir les bénéfices des prescriptions plein air. " La motivation des patients augmente quand un médecin fait une prescription sur papier, car ils font partie des professionnels en qui la population a le plus confiance ", dit-elle.

Son organisation travaille donc à faire en sorte que l'exposition à la nature soit reconnue comme un des piliers de saines habitudes de vie, tout comme la diète, l'exercice et le sommeil.

Depuis le lancement en novembre dernier, près de 800 médecins de la Colombie-Britannique et de l'Ontario ont adhéré au programme. La Saskatchewan a lancé une version provinciale cette semaine, l'Alberta y travaille et le Québec compte lancer un programme provincial en 2022.

" Le programme s'appellera Prescri-nature et il sera adapté à la réalité québécoise, en s'adaptant aux saisons ", souligne Claudel Pétrin-Desrosiers, qui croit que le programme québécois de prescription nature pourra être lancé au début 2022.

Isabelle Bradette, native de Saint-Félicien, fait partie du groupe de médecins qui travaillent sur la mise en place du programme de prescription nature. " La nature permet de soigner les gens différemment et de façon complémentaire ", souligne l'urgentologue à l'hôpital de Jonquière et professeure adjointe au département de médecine de famille et de médecine d'urgence à la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, qui offre un programme délocalisé à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Cette dernière a intégré l'exposition à la nature à sa pratique depuis plusieurs années. " Chaque fois que je prends du temps dans la nature, c'est un cadeau que je m'offre, affirme-t-elle. C'est essentiel à mon bien-être physique et mental. "

C'est en voyant les effets sur son bien-être personnel qu'elle a décidé d'approfondir ses connaissances, en suivant le programme d'intervention par la nature et l'aventure à l'UQAC.

Ce programme participe activement à faire évoluer les mentalités pour utiliser la nature comme outil thérapeutique auprès des professionnels de la santé, car depuis 2016, plus de 75 professionnels de la santé _ médecins, infirmières, ergothérapeutes, psychologues, travailleurs sociaux et autres _ ont été formés pour mieux utiliser la nature dans le cadre de leur pratique, et la demande est en forte croissance.

" La nature ne remplacera pas la médication, mais elle va permettre de réduire la posologie et la durée de la médication, en plus d'avoir des améliorations plus rapides ", ajoute Isabelle Bradette.

Tout comme ce qui a été fait ailleurs au pays, les promoteurs du programme au Québec souhaitent tisser des liens étroits avec les organisations professionnelles de la santé.

" Dans un premier temps, on veut faire de la formation et de la sensibilisation auprès des professionnels, pour les outiller, afin qu'ils soient familiers avec les bénéfices pour le prescrire à leurs patients, note Claudel Pétrin-Desrosiers. Par la suite, on veut faire connaître le programme aux citoyens pour le déployer à plus grande échelle. "

Auteur : Initiative de journalisme local

Catégorie : Plein air

Publié le : 2021-07-11 06:18:52