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Pas de crise de la quarantaine, mais des défis liés à… l’âge !

Les Zones d’exploitation contrôlée (ZEC) fêtent leur 40e anniversaire de fondation. Michel Corbeil, ex-journaliste politique au quotidien Le Soleil, revient sur les débuts des zecs et leur situation actuelle.

Rendez-Vous Nature vous convie à un voyage dans le temps, les archives et les mémoires des zecs du Québec dans le cadre de leur congrès présenté, cette fin de semaine (6-7-8 avril 2018), au Fairmont le Manoir Richelieu dans Charlevoix.

Pas de crise de la quarantaine, mais des défis liés à… l’âge (3 de 3)

Michel Corbeil

Pas de crise de la quarantaine. Mais, à l’aube de leur quarantième saison de pêche, les Zones d’exploitation contrôlée (zecs) ont des défis, dont l’un d’eux est directement lié à l’âge. Toutes n’y survivront pas.

Reportons-nous à l’époque de la création des zecs, en 1978. La pêche sportive est un sport fort populaire, mais les meilleurs territoires accessibles reviennent à quelques dizaines de milliers de privilégiés membres des clubs privés.

Les « clubs » ont disparu au profit des zones d’exploitation contrôlée. Le nombre total d’amateurs de pêche sportive, lui, fond au fil des ans.

Les statistiques au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs remontent jusqu’à 1998 quand le Québec émettait 772 953 permis pour la pêche, dont 61 057 à des non-résidents. En 2017, pour la première fois, leur nombre glisse sous la barre des 700 000 (692 052, dont 44 107 non-résidents).

Cela s’annonce comme une tendance, constate le directeur général de la Fédération québécoise des gestionnaires de zecs (FQGZ), Jean-Claude D’Amours.

« On ne peut pas parler de crise. Mais ce qui s’en vient, c’est la décroissance du nombre de permis, la décroissance de la clientèle », indique-t-il dans un entretien à Rendez-Vous Nature. Il s’agit de la baisse démographique que vit l’ensemble du Québec.

Dans une entrevue à Radio-Canada, M. D’Amours a signalé que la diminution de fréquentation pour la chasse et pour la pêche se fera davantage sentir à compter de 2019.

Pour les zecs, la baisse de natalité se conjugue au vieillissement de la population. « Les gens qui les fréquentent sont pour la majorité dans la soixantaine, observe le directeur général. (La jeune clientèle) ne fait pas la différence entre les zecs, les réserves et les pouvoiries. »

Une solution s’impose. « Il faut faire des efforts pour recruter la clientèle », et surtout la rajeunir, laisse tomber M. D’Amours.

Il y a quelques semaines, dans son site Internet, la FQGZ a annoncé que « tous les enfants de 17 ans et moins pourront pêcher et chasser le petit gibier gratuitement s’ils sont accompagnés d’un adulte » pratiquant cette activité. » La Fédération a pris soin de préciser que « cette promotion met la table à une année à saveur familiale et tournée vers la relève. »

Pour le non-initié, le nouveau logo de l’organisme semble refléter la volonté d’élargir la clientèle : de l’orangé pour la chasse, du bleu pour la pêche et du vert symbolisant pour les adeptes du plein air.

Des disparitions

Il existe 63 zones d’exploitation contrôlée qui contrôlent 48 000 kilomètres carrés de territoire. « L’espèce » n’est pas menacée.

Par contre, « nous savons que certaines zecs pourraient faire faillite, fermer leurs portes ou fusionner, poursuit le responsable de la FQGZ. D’ici cinq ou six ans, nous savons que les plus petites zecs, celles qui ont un chiffre d’affaires de 50 000 $ par an, devront faire face à des choix. »

Il ne craint cependant pas une hécatombe. Les façons de gérer de certaines zecs peuvent être critiquées, commente Jean-Claude D’Amours, mais l’ensemble des organismes mis au monde par le premier gouvernement de René Lévesque n’est pas remis en question, précise-t-il.

Les craintes du début ne se sont pas matérialisées en particulier sur un point, soutient notre interlocuteur. « Il n’y a pas eu d’explosion du braconnage. Parce qu’en ouvrant le territoire (autrefois exclusivité des clubs privés), ça devient beaucoup plus embêtant de braconner lorsque beaucoup de gens autour de toi te voient faire ! »

Et il rappelle que le gouvernement a alors donné aux zecs des outils pour la gestion faunique tandis que « les agents de la faune ont mis un système de contrôle (…) S.O.S. braconnage ».

Un budget pour alléger la pression

Tout n’est évidemment pas parfait dans l’univers des zecs. L’entretien des chemins d’accès — il faut compter pas moins de 12 000 kilomètres de routes que les gestionnaires jugent prioritaires — demeure une préoccupation.

La Fédération, dont les membres consacrent déjà environ 4 millions $ à ce chapitre, évaluait encore récemment à 9 millions $ par an les sommes nécessaires pour la conservation pour ce réseau priorisé. Sans aide de l’État, la FQGZ redoutait une explosion des coûts pour les utilisateurs des zecs.

Par courriel, Jean-Claude D’Amours signale que « le ministre (Carlos Leitao) répond à nos demandes, mais en partie. Il appartiendra aux gestionnaires de revoir leurs priorités d’investissement ».

Les zecs sont maintenant administrées par 580 bénévoles et comptent 600 employés. Ils sont 42 000 à être membres en règle d’une zec. Pas moins de 650 000 amateurs de pêche, de chasse, de camping ou autres activités de plein air fréquentent les zones d’exploitation contrôlée.

Auteur : Rendez-Vous Nature

Catégorie : Réseau Zec

Publié le : 2018-04-08 13:11:12