Nordicité et beauté dans la ZEC Nordique
Sur la route, vendredi, en arrivant près de Tadoussac, je me faisais quelques réflexions à propos de la nordicité, ce concept inventé en 1960 par Louis-Edmond Hamelin, un géographe québécois.
Par Mathilde Crépin
« Le concept global de « nordicité », […] fait référence à l’état perçu, réel, vécu et même inventé de la zone froide à l’intérieur de l’hémisphère boréal. »* Plus on monte, plus le territoire devient sauvage.
Ce qui, l’hiver, est froid et gris, est bleu profond, vert clair, jaune d’or, l’été. « Le Nord nous habite, nous qui n’habitons pas le Nord. », écrivait C. Desbiens**. C’est aussi l’impression que j’ai eu en visitant la ZEC Nordique, le temps d’une escapade.
Vendredi en fin d’après-midi, Benoit, le directeur général, est venu m’accueillir à la barrière, entouré de quelques amis, tous pêcheurs à la mouche! Il avait tout préparé : carte du territoire, emplacements à visiter et à pêcher, mouches à utiliser, j’ai même eu droit à une casquette et un t-shirt!
Benoit a 26 ans et est directeur général depuis maintenant trois ans. Cette année, il a préparé un plan de développement de la ZEC, visant à améliorer et diversifier l’offre de services, notamment par rapport à ce que la nouvelle génération souhaite voir quand elle va dans le bois.
Benoit, c’est donc la motivation et l’énergie incarnées. Juste ça, ça devrait vous donner le goût d’aller visiter sa ZEC!
Montagnes et falaises s’exposent au soleil doré
Pour se rendre au camping, qui se trouve environ au kilomètre 42, on longe la rivière des Escoumins, belle rivière à saumon, claire et pierreuse.
Le reste du paysage se dévoile peu à peu. Montagnes et falaises s’exposent au soleil doré, et une mer d’épinettes se dresse des deux côtés de la route. Le camping est juste au bord de la rivière, et à cette hauteur, on peut la pêcher sans avoir de permis de saumon. Horizon ouvert d’un côté, petite vallée de l’autre : ça fait mon affaire! Avant qu’il ne fasse trop sombre, je monte ma tente et je pars un feu.
Le rose du coucher de soleil l’accompagne parfaitement, et fait fuir les quelques mouches noires qui m’agaçaient. Parfait!
Faut croire que j’étais fatiguée : endormie au son de la rivière, je me réveille seulement le lendemain, bien au chaud dans toutes mes épaisseurs. J’ai bien fait d’amener deux sleepings, le matin est frisquet! Le café me réchauffe, pendant que le soleil sort de derrière les arbres. Ce matin, j’irai faire la courte randonnée que Benoit m’a conseillé!
Après avoir tout ramassé, donc, je me dirige vers le kilomètre 65, et je m’arrête près du panneau « CELLULAIRE », là où se trouve le début du sentier. Ce dernier doit faire 400-500 mètres seulement, mais la vue d’en haut est spectaculaire : en bas serpentent les cinq lacs devenus réservoirs, alors qu’en levant les yeux, les montagnes s’étendent à perte de vue. Joli!
En revenant, je m’arrête à quelques endroits pour voir des poissons. L’eau, si claire, peut difficilement les dissimuler. Par endroits, à cause de la végétation, on dirait d’ailleurs de beaux tableaux peints.
On ne voit même pas l’eau sur les photos! En sortant près de la rivière Chatignies, c’est une autre belle surprise qui m’attend. Des bleuets, ici aussi, par centaines! J’en aurai consommé, des anti-oxydants, cet été…
Plus tard dans la journée, le soleil frappe fort. Pas un nuage dans le ciel, bleu, bleu… J’en profite pour relaxer au bord de la rivière. En fin d’après-midi, je sors la canne à moucher.
Une pêche... loin d'être réussie
Bon. Mea culpa. Être seule, moucher et essayer de faire de belles photos de soi en train de pêcher, ce n’est pas le trio gagnant. Je suis revenue… avec pas de photos de pêche.
Si j’étais meilleure pêcheuse (comme Catherine Perreault mettons!), j’aurais peut-être été capable de faire quelque chose, mais là, les seules bonnes photos n’impliquaient ni moi, ni l’activité de pêche en tant que tel. Je savais pourtant où trouver les poissons : Benoit m’avait tout expliqué en détails, jusqu’à me mentionner sous quels arbres ils se cachaient, selon le cours d’eau.
Ma faute, donc. On repassera! De toute façon, le soleil baisse et ce sera bientôt l’heure de faire de longues expos de la rivière.
Après le souper donc, je m’installe sur les rochers pour attendre le coucher de soleil. La lumière baisse, la forêt redevient dorée. Je vais faire un feu en attendant les étoiles. Une étoile, deux étoiles, plus le temps passe, plus j’en découvre. C’est joli, avec le feu! Vers 21h, je redescends au bord de la rivière pour voir de quoi ça a l’air. Et là…
C’est dans ces moments-là que je réfléchis, en regardant le ciel, au fait de posséder – ou pas – le territoire. J’en viens toujours à la conclusion que c’est plutôt lui qui nous possède. Après tout, n’est-on pas simplement fourmi, dans cet univers scintillant?
En me levant dimanche matin, j’ai déjà hâte de vous montrer les photos de la veille! Il a fait frais encore, cette nuit. C’est la première fois de l’été que je mets ma tuque en me levant, et j’avoue que j’en tire une certaine satisfaction, confortable!
Je pêche un peu à nouveau avant de lever les voiles. J’espérais trouver quelques pêcheurs sur le chemin du retour, histoire d’avoir quelques photos de pêche. Pas de chance toutefois – ça me donnera une bonne raison de revenir!
Je m’arrête tout de même quelques fois pour prendre des images de la rivière et des quelques lacs qui bordent la route. La nordicité, dans toute sa beauté!
*Hamelin, Louis-edmond. « Nordicité ». l’Encyclopédie Canadienne, 19 juillet 2017, Historica Canada. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/nordicite. Date consulté: 26 août 2019.
**Desbiens, C. (2012). 10 Idées pour le Nord : un manifeste pour la nordicité. Cahiers de géographie du Québec, 56 (159), 643–659. https://doi.org/10.7202/1015311ar
Merci encore au Réseau Zec pour ces aventures et à SAIL pour tout le bel équipement! #mesescapadeszec #reseauzec #sailpleinairoutdoors
Auteur : Réseau Zec
Catégorie : Réseau Zec
Publié le : 2019-10-01 17:33:16